Plus d’une soixantaine de prêtres auraient été escroqués par un réseau de malfaiteurs, pour un préjudice de plus de 400 000 euros. Le principal suspect, en prison lors des faits, risque jusqu’à dix ans de prison ferme.
Le 9 février 2024, le père Pascal Burnel, curé de Canisy dans la Manche reçoit le coup de téléphone d’un gendarme. "Il m’a dit que plusieurs prêtres étaient victimes d’une escroquerie et qu’ils avaient besoin de mon aide", explique-t-il au tribunal selon actu.fr. Le soi-disant gendarme lui demande alors d’aller chercher un ticket PCS, système de virement d’argent, au bureau de tabac. Il perdra ainsi 1 400 euros avant de se rendre compte d’avoir été le jouet d’une escroquerie.
Ce jeudi 5 septembre, après plusieurs reports, un réseau de malfaiteurs organisant des escroqueries contre les prêtres a été jugé devant le tribunal du Havre.
Une affaire de malfrats qui est aussi une histoire de famille. Le trentenaire Kévin Gosse, soupçonné d’avoir été le cerveau de cette escroquerie, a appris cette technique de son père Michel qui a créé cette escroquerie dans les années 1990.
Au total, 62 prêtres, âgés de 69 à 94 ans, ont été victimes de ces arnaques, pour un préjudice de 440 000 €. Certains, comme le curé de Chambéry, âgé de 83 ans, a perdu à lui seul 175 000 euros, un capital familial destiné à régler la prise en charge de son jeune frère handicapé, rapporte La Croix.
Depuis la maison d’arrêt de Val-de-Reuil dans l’Eure, l’escroc agit depuis sa cellule. Le mode opératoire est simple : il trouve le numéro d’un prêtre sur internet, l’appelle en modifiant sa voix et en se faisant passer pour un gendarme ou un magistrat, lui demande de l’aide contre un arnaqueur de curés. Le prêtre victime est alors invité à effectuer des paiements par virement, cartes prépayées, comptes Winamax, chèques, ou même Western Union pour tenter d’attraper le délinquant.
Une fois l’argent viré, Kevin disposait de plusieurs complices dont son frère jumeau qui récupérait l’argent et le lui transmettait.
Le père, Michel Gosse qui avoue avoir agi par vengeance contre des abus sexuels subis par des prêtres spiritains tance son fils : "Moi ce n’était pas pour l’argent (…). C’est un petit con, lui, c’est le profit qu’il veut", a-t-il expliqué à Libération.
Kevin pourrait bien voir son séjour en prison se prolonger de quelques années. La décision du tribunal est attendue le 7 novembre.
Jean-Benoît Harel